Initialement publié sur Fanatique.ca, qui a disparu le 19 décembre 2011, le 7 septembre 2011.
L’équipe du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui représentait la région aux Championnats provinciaux de baseball dans la catégorie moustique « A » qui se déroulaient le week-end dernier à Trois-Rivières est rentrée chez elle avec plusieurs interrogations, malgré l’obtention de la médaille de bronze.
C’est que plusieurs incidents se sont produits durant les trois jours de compétition qui sont difficiles à expliquer dans le cadre d’un tel événement. En fait, toutes les formations représentant le Saguenay ont été impliquées, bien malgré elles, dans des situations peu familières.
Mentionnons d’entrée de jeu que les Championnats provinciaux sont le dernier tournoi de la saison au baseball dans la province. Ils sont organisés par l’organisme responsable de ce sport dans la province, Baseball Québec (BQ) et visent tout particulièrement à établir les meilleures régions dans chacune des tranches d’âge, de l’atome au midget, année après année.
Le président de l’Association de baseball mineur de Chicoutimi et surtout l’entraîneur de l’équipe saguenéenne qui a pris part à la compétition moustique, Jean-François Tremblay, s’est entretenu en fin de soirée, lundi, avec Fanatique.ca pour relater les faits des événements dont il a été témoin et qui montrent que la fédération provinciale est aux prises avec plusieurs lacunes importantes.
Des lacunes qui pourraient même causer le départ de certaines régions, dont celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Baseball Québec au cours des prochaines années.
Un classement illogique
L’équipe qu’a dirigée M. Tremblay lors des Championnats moustique tenus à Trois-Rivières a conclu la ronde préliminaire avec une fiche immaculée de quatre victoires et aucune défaite (4-0).
Trois groupes comprenant un total de 13 formations avaient été mis sur pied. Deux d’entre eux regroupaient quatre clubs chacun, alors que le troisième comprenait cinq formations. Pour la deuxième année de suite, que ce soit au niveau atome, moustique ou pee-wee, le Saguenay-Lac-Saint-Jean s’est retrouvé dans la division de cinq équipes.
Jusqu’ici, aucun problème majeur. C’est cependant au terme des matchs du tour préliminaire que les choses se corsent. Baseball Québec avait, comme par les années passées, établi les règles suivantes : les trois premières équipes accèdent aux rondes finales, alors que la meilleure équipe des trois groupes devient meilleur deuxième. À la manière du baseball majeur, en fait.
Toutefois, la région de la Rive-Sud s’est retrouvée au tout premier rang du classement précédant les matchs de demi-finales et de finales, et ce, malgré son dossier de 2-1, bien moins reluisant que celui des Saguenéens. Les représentants de l’Outaouais, eux, ont obtenu le deuxième rang suite à un dossier de 3-0. Le Saguenay s’est finalement retrouvé au troisième échelon.
« Premièrement, nous nous sommes retrouvés avec quatre autres régions dans une position désavantagée où nous devions disputer un match de plus que ceux faisant partie des groupes de quatre. Avec les règlements de l’utilisation des lanceurs, ça te force, en jouant un match de plus, à « brûler » davantage de lanceurs », a expliqué l’entraîneur et président à l’autre bout du fil.
« Certes, il y a eu des modifications aux règlements par rapport à l’an dernier, mais ça n’a pas de bon sens de devoir jouer quatre matchs plutôt que trois. Les entraîneurs des régions comme la nôtre abondaient dans le même sens. C’est beaucoup plus difficile de se classer dans ces circonstances. »
Le classement affiché plus haut a été monté sans tenir compte des victoires et des défaites cumulées depuis le début du tournoi, mais plutôt avec les points contre par manches jouées. Or, à la compréhension de Jean-François Tremblay des règlements de Baseball Québec, c’est la fiche qui détermine les positions au classement, avec un astérisque qui mentionne que l’on doit tenir compte de toutes les parties de la ronde préliminaire.
« Nous avions assurément, nous et l’Outaouais, une victoire de plus que la Rive-Sud et une défaite de moins. Malgré cela, Baseball Québec a décidé de passer directement au deuxième critère de bris d’égalité selon lequel il faut se fier sur les points accordés par le nombre de manches jouées. C’est un exemple assez frappant qu’il s’agit, à notre sens (les membres de la région), d’une fédération qui manque un peu de sérieux », a ajouté M. Tremblay dont la sortie publique vise à pousser BQ à changer sa manière de faire.
Cette situation particulière s’est également produite avec l’équipe pee-wee du Saguenay-Lac-Saint-Jean et encore une fois, le système de nombre de points alloués selon les manches jouées a été préconisé au système traditionnel qui domine dans tous les sports de la planète, soit celui d’utiliser la fiche des victoires et des défaites.
« Les règlements mériteraient d’être revus. Quand nous avons exposé cette situation aux responsables de Baseball Québec, ceux-ci ont clairement dit, et pas seulement à moi, que nous avions raison et qu’une réflexion devrait être portée. Or, il me semble que les victoires et les défaites classent habituellement les équipes. »
*Deuxième partie de trois de ce dossier portant sur les lacunes chez Baseball Québec**
Un terrain impraticable?
L’un des autres exemples démontrant que Baseball Québec a des devoirs à accomplir en vue des prochaines années est le fait que toutes les parties de la ronde finale au niveau des atomes, dans la classe « A », ont dû être annulées en raison de la pluie qui était tombée sur le terrain dans la soirée du dimanche, à Pointe-aux-Trembles.
Évidemment, personne ne pouvait prédire que Dame nature ne serait pas collaboratrice avec les organisateurs. Cependant, aucun autre terrain n’avait été prévu afin que les rencontres puissent être jouées quand même, forçant les équipes, dont celle du Saguenay, à plier bagage pour revenir disputer la demi-finale la semaine suivante!
C’est donc dire que les parents des jeunes joueurs seraient obligés de dépenser des frais supplémentaires pour permettre le début et la fin du match. Un point qui chatouille également Jean-François Tremblay.
« Le terrain avait un peu d’eau et les rencontres ont été remises. Selon des témoins qui étaient présents, de petits travaux sur le terrain auraient permis la présentation du match. La raison qui aurait été donnée serait que les cols bleus n’étaient pas vraiment disponibles le jour de la fête du Travail. De toute manière, ils ne sortiraient pas quand il pleut. »
« L’information n’a pas été vérifiée si ces derniers étaient disponibles ou pas, mais le résultat a fait en sorte que ces matchs seront disputés la fin de semaine prochaine. Cependant, nous avons appris que Baseball Québec a offert que ces matchs soient joués à un endroit plus central qu’est Québec. Ça a été fait à 16h lundi, soit quand même plus de 24h après la première décision qui était de revenir à Montréal. »
« Cela aurait bien sûr provoqué des coûts assez importants chez les parents. À notre sens, c’est un autre exemple d’une fédération qui n’est pas en contrôle. »
Une finale à l’intérieur…
Le match de la médaille de bronze impliquant les joueurs d’âge moustique à Trois-Rivières n’a pas eu lieu sur un terrain de baseball traditionnel en plein air que l’on peut retrouver dans n’importe quelle ville au Québec et au Canada, mais plutôt sous un toit, à l’intérieur…
C’est en effet plutôt dans un centre d’entraînement que la rencontre a été disputée, où plusieurs inconvénients nuisant considérablement à la vraie pratique de ce sport ont été malheureusement rencontrés.
« C’est un beau centre pour s’entraîner, mais pour des matchs d’une finale d’un championnat provincial, je suis un peu moins certain. Nous avons dû jouer avec des plaques de lanceurs fixées avec du ruban adhésif. De plus, dans les règlements, le plafond faisait partie du jeu, ce qui veut dire qu’une balle normalement frappée au champ centre, mais dont la trajectoire change à cause du ricochet sur le plafond se retrouve être morte au deuxième but, par exemple », a soutenu le parent de trois joueurs de baseball.
« Ça devient un peu de l’antibaseball et très particulier. Les coussins n’étaient pas correctement fixés et c’étaient des « X » collés afin de remettre toujours les buts au bon endroit lorsqu’ils se déplaçaient avec les coureurs. Il n’y avait aussi aucun but de sécurité (« safety base ») et c’était très mal ventilé. »
Les joueurs ont aussi été contraints de jouer deux matchs après seulement une pause d’environ une trentaine de minutes, puisque le centre n’était plus disponible à partir de 14h. Ils n’ont donc pas eu le temps de manger et de se reposer en vue de leur affrontement final du tournoi.
Or, les règlements de BQ – 43.6, a) – stipulent qu’un minimum d’une heure de repos doit être accordé aux équipes entre la fin de la première partie et le début de la seconde, ce qui n’a vraisemblablement pas été le cas ici.
M. Tremblay a aussi dénoncé le fait que certains arbitres ne connaissaient pas les règlements exacts pour certaines situations et que les réponses de ces derniers représentaient finalement le manque de sérieux de l’organisme provincial.
Un sentiment de dérangement
Si les enfants ont un peu moins bien compris la situation devant laquelle ils étaient exposés, les parents de ceux-ci, eux, en sont toutefois venus à des conclusions bien arrêtées.
« Les parents se questionnaient et arrivaient à la même conclusion : une fédération désorganisée qui improvise et le sentiment de dérangement lorsqu’une région éloignée comme la nôtre gagne. Nous avons le sentiment de déranger constamment et nous nous le faisions dire, à cause de nos équipes étoiles, notamment », a indiqué Jean-François Tremblay.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean envoie en effet depuis quelques années des formations qui regroupent les meilleurs joueurs de la région pour toutes les catégories « A », afin d’être compétitives avec les autres régions de la province. Le bassin de joueurs étant beaucoup plus restreint, BQ avait accordé cette permission spéciale.
Une permission qui avait cependant été adoptée sur un léger fond de controverse, puisque celle-ci avait apparu suite aux championnats remportés par la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay-Lac-Saint-Jean dans la classe « B ».
M. Tremblay était aussi le pilote de la région en 2010 avec les moustiques, dans le « A » et cette fois, ses joueurs n’avaient pas accédé à la ronde des médailles. Aucune critique ne leur avait été servie concernant leurs joueurs étoiles, ce qui a complètement été le contraire cette année, alors qu’ils ont subi les foudres des parents adverses à chaque match en raison de leurs victoires éclatantes.
« Tu développes à ce moment le sentiment de déranger. Tu as bien beau expliquer que le bassin de joueurs n’est pas le même, les gens ne comprennent pas. Nous avons entendu que d’autres secteurs de la région de Montréal commençaient à connaître des problèmes de bassin de joueurs. Il y a une réflexion qui se fait à ce niveau et on pourrait perdre nos équipes étoiles. »
« Ça amène à nous demander si nous ne devrions pas quitter la fédération. Je veux personnellement apporter ce dossier au bureau de la fédération régionale. Le président Éric Dion est tout à fait d’accord avec nous et il a souvent exposé ce sentiment et ces problèmes vécus dans des réunions de BQ. Nous pensons que de le faire savoir permettra d’élargir le débat et de forcer la fédération (BQ) à faire un examen de conscience pour réaliser qu’elle a des choses à changer », a-t-il souligné en terminant.
Le président sur la même veine
Le président du baseball au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Éric Dion, abonde dans le même sens que Jean-François Tremblay concernant Baseball Québec (BQ) : plusieurs choses doivent changer pour accommoder, entre autres, davantage les régions éloignées.
« La fédération a des lacunes majeures envers les régions éloignées », a-t-il lancé dès les premiers instants de sa conversation téléphonique avec Fanatique.ca, lundi soir.
« Nous n’avons pas l’impression de compter énormément pour eux (les dirigeants de Baseball Québec). L’attitude, la prise de décisions et la façon d’administrer de ces gens-là me laissent croire cela. Ils ont coupé des sommes ridicules pour des régions qui sont maintenant pénalisées. »
M. Dion est révolté du fait que les équipes «B» ont été retirées par le passé en raison des trophées accumulés pour faire place aux équipes étoiles envoyées dans la classe « A », qui obtiennent aussi leur part de succès.
« Ils vont nous mettre où l’année prochaine? Ils ne voudront plus qu’on aille d’équipes régionales? Je n’ai absolument rien contre les équipes régionales plutôt que de simples équipes de quartier. Nous avons un bassin d’environ 700 joueurs, pas 3000 comme à Québec ou Montréal. Si la Mauricie subissait la même chose, elle pourrait avoir droit aux mêmes avantages! » s’est exclamé le président régional.
« Ça n’a pas de sens »
Le classement obtenu par la formation moustique régionale au terme du calendrier préliminaire (voir articles 1 et 2) est loin d’avoir fait l’affaire d’Éric Dion, qui ne comprend absolument pas comment les choses ont été interprétées.
« C’est illogique, mais je ne sais pas comment encore ils se sont basés pour faire le classement. Il va falloir qu’ils me l’expliquent, car je ne comprends pas. Ça n’a aucun sens : l’équipe de 2-1 passe première et pas celles avec 3-0 ou 4-0. Il n’y avait aucune égalité pour utiliser la formule des points accordés. La personne qui a pris la décision n’a sûrement pas lu le règlement qui différencie les clubs selon victoires et défaites », a déclaré M. Dion, encore surpris.
Quitter la fédération?
L’option de ne plus être membre de Baseball Québec pourrait être envisagée, comme l’a mentionné Jean-François Tremblay, et le président du Saguenay-Lac-Saint-Jean n’a aucun problème avec cette situation.
« Si mes présidents (ceux des associations mineures) décident que l’on s’oriente vers un autre statut que celui de la fédération, je n’ai aucun problème avec ça. Je suis un élu qui représente cinq associations », a confirmé Éric Dion.
« Ça nous coûte 20 000$ pour faire partie de la fédération, mais il faudrait regarder les retours sur l’investissement. Ça fait plusieurs années que je leur dis que les régions éloignées paient, mais ne reçoivent rien en retour. Ils savent ce dont je parle. Nous avons subi des coupures dans plusieurs domaines. »